marraine
Elle nous a quittés, "des suites d'une dure maladie"... J'ai besoin de parler d'elle, d'écrire, pour atténuer le poids de son absence...
J'évoquerai d'abord sa séquence de vie la plus douloureuse, celle de sa maladie...
Elle souffrait, et j'ai passé avec elle la dernière nuit à son domicile, avant son hospitalisation.
Marraine
Tu es là, et tu geins, et je ne peux rien faire
Qu'un baiser sur ton front, pas même une prière...
Que dirais-je à ce Dieu qui sait si bien se taire ?
Oserait-il me dire : "sa douleur m'indiffère" ??!!
Tu t'agrippes à ma main, je sens que je te perds !
Je caresse tes joues, les larmes aux paupières
La nuit cache à tes yeux ce désarroi amer
Qui fait monter en moi une sourde colère...
Marraine, ma mourante, j'ai le coeur en hiver !!
Mais tu crois, et ta foi prouve que tu espères ;
Dans ce cas, j'en suis sûre, le Ciel t'est grand ouvert !
Et pour moi, à jamais, tu ressembles à la mer...
Thérèse
nuit du 27 au 28 janvier 2007
Puis elle est entrée en soins palliatifs (service que je ne remercierai jamais assez pour son accueil, sa compétence, son souci du malade, son attention aux accompagnants, la disponibilité souriante de son personnel et la qualité de vie -eh oui- qui y règne) ; elle y est restée un mois, et elle y a eu une fin de vie sans souffrance et heureuse !
les visites ont été ininterrompues, et ont même étonné le personnel de l'hôpital (marraine n'avait aucune famille "officielle", était célibataire et vivait seule ; mais sa générosité avait été telle que sa famille était immense !)
Hélène, ma fille, est revenue du Canada pour partager son quotidien pendant quelques jours, et lui a apporté un rayon de soleil (autre rayon de soleil très apprécié par marraine, outre les visites de Lola et Anne : la visite de Louise, ma petite-fille, 4 mois...).
La dernière photo a été prise lors de ces retrouvailles :
Hélène et marraine
Il y a plus d'un mois... Devant l'oreiller blanc,
Deux sourires heureux, pourtant si différents
Mais empreints d'un amour qui dépasse le temps,
Qui, par delà la mort, sera toujours vivant...
Derrière les regards, une même lueur
Exprime intensément un immense bonheur :
Le bonheur d'être ensemble, de donner tout son coeur,
De savoir aider l'autre à surmonter sa peur...
Pourquoi ces yeux brillants, aux larmes refoulées ,
De la peine inouïe d'avoir à te quitter,
Ou de la joie d'être enfin là, à tes côtés,
Te montrer, jusqu'au bout, à quel point on t'aimait ?
Ton visage, si beau, incarne la bonté...
Que d'amour infini dans tes yeux fatigués,
Que de grande tendresse, que de sérénité !
Tu devrais avoir peur, tu nous donnes ta paix ...
Cette ultime photo, marraine, est la plus belle ;
Bien sûr, te voir partir a été bien cruel,
Mais pour nous tu seras à jamais le modèle !
Comme Hélène, toujours, nous te serons fidèles...
Thérèse
19 mars 2007
Et elle est partie, le 9 mars...
Ca fait maintenant deux mois... et j'ai toujours le coeur en hiver...
L'absence
Ce sont des souvenirs banals et quotidiens,
Des objets familiers, et de tout petits riens,
Des gestes routiniers, des mots qui étaient tiens,
Choses sans importance qui nous faisaient du bien...
Et ce sont ces photos qu'on n'ose regarder,
Ces larmes et ces pleurs que l'on veut réprimer,
Ces poèmes enfouis qu'on ne sait exprimer,
Ces appels au secours qu'on n'ose te crier...
Cette obsession de toi qui vis dans ton silence,
Le mal à supporter le poids de ton absence,
Le mal-être qu'engendre cette désespérance,
Et ce grand vide en moi tout pétri de souffrance...
Thérèse
8 mai 2007
